Dans un passé pas si lointain, on se demandait si l’on était en train d’assister à la mort des consoles de salon, d’une part, et à la mort des consoles portables, d’autre part.
Et puis, en mars 2017, Nintendo a répondu : ni l’un ni l’autre. Avec la sortie du système Nintendo Switch, une console hybride qui peut aussi bien servir de console de salon que de console portable, le constructeur japonais a rebattu les cartes… Et prouvé qu’il était encore un acteur majeur du jeu vidéo.
Des records de vente
Le succès de la Switch est fulgurant. En France, d’après les communiqués internes de Nintendo, 911 000 machines ont été vendues en 40 semaines de commercialisation. Comparativement, sur la même période, la PlayStation 4 de Sony, qui domine actuellement le marché des consoles, n’était qu’à 650 000 unités vendues. Quant à la Wii, autre console de Nintendo qui est longtemps restée la console la plus vendue, elle ne s’était vendue qu’à 703 000 unités sur cette même période. Ce succès n’est pas valable qu’en France : il s’agit d’un phénomène global, la Switch étant devenue la console au succès le plus rapide dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis où elle s’est écoulée à 4.8 millions d’unités depuis sa sortie en mars dernier.
Il convient toutefois de relativiser ce “record”, comme le souligne le journaliste Oscar Lemaire dans une série de tweets : “La Switch est sortie en mars, les autres en fin d’année. Donc en comparant sur les 10 premiers mois, la Switch bénéficie de sa période de lancement et de sa première fin d’année, séparées. Pour la Wii ou la PS4, la période de lancement était la première période de fin d’année. […] Il est plus sain de comparer les ventes de la Switch avec des consoles sorties à peu près à la même période. Et là faut plutôt regarder du côté des portables. La Switch fait mieux que la 3DS (4,1 millions) qui avait pourtant eu droit à sa baisse de prix massive et non programmée. En revanche, la Switch fait moins bien que la GBA qui sur une durée similaire s’est vendue à 5,8 millions d’exemplaires.” Avant de conclure : “La Switch est clairement un énorme succès, mais ce n’est pas non plus un succès sans précédent.”
Un retour après la tourmente
Relatif ou non, il reste que ce succès est un excellent retour en force pour le constructeur japonais, dans la tourmente depuis quelques années. Il y a eu le décès, en 2015, du regretté Satoru Iwata, PDG de Nintendo depuis 2002, qui a fragilisé l’entreprise en la privant d’un de ses visionnaires. Et il y a eu, surtout, l’échec commercial de la Wii U, la console ayant précédé la Nintendo Switch. Le principe : une console de salon dont la manette, un pad muni d’un écran, pouvait permettre aux joueurs de jouer même sans que la télévision soit allumée… Mais uniquement en restant dans le rayon de la console. Une sorte de “pré-Switch” au concept mal expliqué, et mal compris, qui a peiné à rencontrer son public. Une erreur de communication, surtout : en conservant le titre de “Wii”, la console de tous les succès, Nintendo s’était tiré une balle dans le pied, les consommateurs ne comprenant pas nécessairement qu’il s’agissait bien d’une nouvelle console et non d’une simple évolution de la précédente.
A l’inverse, le succès de la Switch, Nintendo le doit en grande partie à sa stratégie de communication bien rodée. Comme évoqué ci-dessus, Nintendo a sorti sa console dans une période “creuse”. Et elle s’est reposée sur le succès de la licence The Legend of Zelda pour nourrir l’attente autour de sa console. En effet, l’un des titres de lancement de la Switch était le dernier épisode en date de la série, Breath of the Wild. Un titre extrêmement attendu, qui a permis à la console de se vendre extrêmement bien. Nintendo a su maîtriser les embargos sur la presse pour générer un buzz de plusieurs semaines : d’abord, les tests de la console, puis les tests sur le jeu Zelda. La force de Nintendo repose dans ses licences phares, et le géant japonais l’a bien compris en sortant, comme il le revendique, “un gros titre par mois” sur Switch. Une stratégie payante : Mario Odyssey, Mario Kart 8 Deluxe, The Legend of Zelda: Breath of the Wild ont tous passé le cap des 2 millions d’exemplaires vendus.
Avec la Switch, Nintendo renoue également avec son autre force : l’innovation. La Switch est une console innovante, qui ne se repose pas sur la puissance graphique mais sur un concept fun et simple à comprendre. La Nintendo DS avait eu pour elle la maniabilité tactile, la Wii apportait le motion gaming – la Switch invente la console hybride. Une console que l’on peut emmener partout, à laquelle on peut jouer en multijoueur partout, et dont les manettes, des “Joy-Cons”, sont détachables et peuvent permettre plusieurs combinaisons de commandes différentes. Et l’innovation n’en reste pas là puisque Nintendo vient d’annoncer Nintendo Lab, un concept amusant pensé pour les enfants, qui associe pliages en carton et usage de la console pour créer des expériences inédites.
Article très complet sur cette nouvelle console de Nintendo qui illustre une nouvelle fois, la capacité d’innovation de la firme japonaise. La Switch se démarque de ses concurrents que sont la PlayStation 4 et la Xbox One qui misent sur le graphisme mais qui ne révolutionnent pas l’expérience de jeu.
Nintendo fait à nouveau le pari de la console hybride, après l’échec de la Wii U qui était, comme le démontre très bien cet article, un premier concept de console hybride, entre console de salon et console portable.
Pour la nouveau modèle sorti il y a maintenant presque un an, Nintendo a fait le choix, pour booster les ventes de la Switch, de ne pas miser sur une évolution du hardware mais sur la sortie de nouveaux accessoire dans le but d’optimiser l’expérience de jeu. Cette stratégie avait déjà été observée pour la console Wii avec la sortie de nombreux accessoires facultatifs. Pourtant, les consoles portables de Nintendo ont généralement le droit à de nouvelles versions, plus petites et/ou technologiquement améliorées, après plusieurs années sur le marché.
Nintendo avait, en effet adopté la stratégie inverse de la Switch avec la Ninendo 3DS en sortant le modèle Nintendo 3DS XL tout juste un an après.